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Fonds climat : l'essoufflement du rêve vert

Pendant plusieurs années, les fonds climat ont incarné l’espoir d’une finance plus responsable. Portés par l’urgence de la transition écologique, ils ont attiré des milliards d’euros d’investissements à travers le monde. Mais en 2024, l’engouement semble s’essouffler. 

 

Volatilité des marchés, performances mitigées et méfiance des investisseurs interrogent : cet outil financier est-il en train de perdre son élan ou s’agit-il simplement d’une phase de transition ?
 

Un démarrage fulgurant
Les fonds climat, souvent axés sur les énergies renouvelables, la mobilité durable ou l’efficacité énergétique, ont connu un essor remarquable au cours des dernières années. Selon Morningstar, les encours mondiaux sur ces fonds dépassaient les 400 milliards de dollars en 2023, doublant presque en trois ans. 

Ce succès s’expliquait par plusieurs facteurs : une prise de conscience accrue des enjeux climatiques, des engagements politiques ambitieux, comme l’Accord de Paris, et une demande croissante des investisseurs pour des solutions combinant rendement et impact positif.
Ces fonds ont également bénéficié d’un marketing efficace. L’idée que l’investissement pouvait contribuer directement à sauver la planète a séduit particuliers et institutions. Mais cette promesse commence à montrer ses limites.
 

Des performances sous pression
En 2024, les performances des fonds climat se heurtent à des vents contraires. La transition énergétique, bien qu’indispensable, reste coûteuse et complexe. Certaines entreprises clés du secteur, comme les fabricants de panneaux solaires ou les développeurs d’éoliennes, ont vu leurs marges diminuer face à l’augmentation des coûts des matières premières et des taux d’intérêt.
 

De plus, l’intensification de la concurrence dans le secteur des énergies renouvelables a comprimé les bénéfices. Les investisseurs, qui espéraient des rendements solides, se retrouvent confrontés à une volatilité accrue. Selon un rapport de MSCI, la performance moyenne des fonds climat a reculé de 8 % au cours des six derniers mois, un revers qui refroidit de nombreux épargnants.
 

Un cadre parfois flou
Au-delà des rendements, la crédibilité de certains fonds climat est remise en question. Les accusations de "greenwashing", où des fonds revendiquent un impact écologique sans réel fondement, se multiplient. Les investisseurs deviennent plus exigeants, demandant des preuves concrètes de l’impact environnemental des fonds dans lesquels ils placent leur argent.
Cette défiance pousse les régulateurs à intervenir. En Europe, la réglementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) oblige désormais les fonds à classer leurs produits selon des critères de durabilité. Cependant, l’application de ces règles reste hétérogène, et certains fonds peinent à répondre aux nouvelles exigences. Résultat : une partie des investisseurs, désorientés, préfère se tourner vers des placements traditionnels.
 

Un potentiel intact à long terme
Malgré ces défis, les spécialistes s’accordent sur un point : les fonds climat ne sont pas condamnés. La transition écologique, soutenue par des politiques publiques de plus en plus ambitieuses, offre des opportunités de croissance considérables. Les secteurs liés à l’hydrogène, aux batteries électriques ou à la rénovation énergétique des bâtiments, encore en phase de décollage, pourraient générer des rendements attractifs dans les années à venir.
Certains fonds s’adaptent déjà en diversifiant leurs investissements et en renforçant la transparence. Les produits thématiques, axés sur des enjeux spécifiques comme la gestion de l’eau ou l’économie circulaire, attirent à nouveau l’attention. Ces initiatives montrent que la finance verte évolue pour répondre aux attentes croissantes des investisseurs.
 

Vers un nouveau souffle ?
Pour regagner la confiance des épargnants, les fonds climat devront conjuguer ambition et rigueur. Cela passe par une meilleure communication sur leurs objectifs et leurs résultats, mais aussi par une gestion prudente des risques. Les investisseurs, de leur côté, doivent accepter que ces placements s’inscrivent dans une vision à long terme, où l’impact environnemental prime parfois sur les rendements immédiats.
En conclusion, l’essoufflement des fonds climat en 2024 ne marque pas la fin de la finance verte, mais plutôt une phase de maturation. Entre attentes élevées et réalités économiques, ces outils doivent prouver qu’ils peuvent conjuguer impact positif et rentabilité. L’avenir des fonds climat, et plus largement de la planète, dépendra de leur capacité à relever ce défi.
 


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